février 23, 2009

Le ministre et le cardinal


Aujourd'hui, M. Borloo est passé au bureau. Non, je ne travaille pas au ministère et ce n'est pas moi sur la photo. Monsieur le Ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire avait rendez-vous ce 23 février avec le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, à la maison de la Conférence des Evêques de France. C'était une réunion à huis clos, en présence de plusieurs autres évêques concernés par les questions de société. Le Parisien et le Figaro avaient relayé l'info ce matin.

Comme on a oublié de m'inviter et que je n'ai jamais entendu le cardinal Barbarin parler d'écologie, il ne me reste qu'à lire son interview pour les cahiers de Saint-Lambert, "une nouvelle revue d'écologie chrétienne" - parce qu'il y en a des vieilles aussi ? -, disponible sur le site du diocèse et en lien dans le titre de ce post.

Dans sa version imprimable (pas bien, ça), l'interview fait 4 pages. Je n'ai rien trouvé à surligner dans la première. Mais dès la deuxième, j'ai commencé à m'agiter du stabilo sans pouvoir m'arrêter. Etant donné qu'on ne peut pas commenter un article publié sur le site de l'Eglise catholique à Lyon, je vous fais part de mes remarques. Vous lui transmettrez quand vous le croiserez. NB : Je synthétise un peu les questions.

La question : Le modèle agricole traditionnel a sa part de responsabilité...
La réponse : "On me presse de prendre position contre les OGM (...) Je voudrais demander pourquoi personne ne proteste contre les Organismes Génétiquement Modifiés (OHGM)".

Ma solution : Soirée DVD ! A priori ces manipulations que je condamne aussi fermement que lui restent dans les labos alors que les OGM seront bientôt dans nos assiettes (merci l'Union Européenne). Les Américains servent déjà de cobayes. Le docu "Le monde selon Monsanto" de Marie-Monique Robin démontre clairement les dangers écologiques des OGM et la volonté de puissance économique de Monsanto. L'entreprise a falsifié des documents scientifiques et manipulé les instances chargées de la contrôler. Elle entraîne la dépendance des agriculteurs sous couvert d'apport le développement au monde entier ! Pas bien évangélique, cardinal.

La question : A part Jean Bastaire qui "travaille le lien entre Ecologie et Rédemption", qui d'autre "ouvre des pistes" pour éveiller la conscience écolo des cathos ?
La réponse : Le Card. Barbarin a rencontré "de nombreux jeunes passionnés par l'écologie chrétienne. Il cite aussi Jean Paul II et Benoît XVI.

Mon plan : Apéro Green Drinks ! Jamais entendu parler de "l'écologie chrétienne" avant ce soir. Je conseille donc les Green Drinks de Lyon pour entendre des jeunes parler d'initiatives concrètes.

La question : Que pense l'homme d'Eglise face aux discours parfois catastrophistes ?
La réponse : "Je n'aime pas beaucoup le mot de "sauvegarde"; il vaut mieux utiliser le mot de la Bible "garder" la Création, c'est une présentation plus positive de notre mission".

Ma réaction : Stop ! Est-ce que ça change quelque chose à l'urgence d'agir ?

La question : Etes-vous d'accord avec les évêques canadiens qui disent que le temps des conversions est arrivé ?
La réponse : "Mgr Marc Stenger, l'évêque qui suit Pax Christi le dit depuis longtemps (...) Cela passe, selon lui, par des attitudes pratiques : une autre manière de célébrer Noël".

Mon info : L'été aussi ! La campagne "Vivre l'été autrement" sera lancée en mai prochain.

La question : Que pensez-vous de la notion de décroissance ?
La réponse : En résumé, le cardinal n'est pas pour plaider pour ça. Il parle plutôt de "l'écologie humaine" (= défense de la famille) et "respect de la nature humaine".
Ma révolte : 2 urgences ! Aujourd'hui et demain. L'urgence écologique est une urgence humaine. Voir question suivante.

La question : Et les réfugiés climatiques ? et les déracinés économiques ?
La réponse : "Je connais peu la réalité des réfugiés climatiques".

Ma bonne résolution : Anti-sèche ! "Réfugiés climatiques"par le collectif Argos chez Infolio. Préfaces de l'astrophysicien Hubert Reeves et de Jean Jouzel, vice-président du groupe scientifique du GIEC. Le choc des photos...

La question : Les réseaux chrétiens ne pourraient-ils pas constituer un levier puissant pour la prise de conscience et l'action?
La réponse : "Nicolas Hulot me l'a dit plusieurs fois... (...) Une parole pour inviter à consommer moins (...), ce n'est certainement pas le gouvernement qui pourra le dire. Mais l'Eglise, oui".

Mon intuition : Hulot plutôt que Sarko ! Pour moi, l'Eglise doit donner du sens à la frugalité (tempérance ?) imposée par "la vie chère", comme on dit en Guadeloupe. Avec la crise, c'est Carême tous les jours pour beaucoup et ça fait déjà un moment. Elle ferait bien aussi de convertir les consommateurs qui restent en consom'acteurs responsables.

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"Vivre simplement afin que d'autres puissent simplement vivre"
Gandhi.